Paris : Venez découvrir l’hôtel Potocki, siège de la Chambre de commerce

Le siège de la Chambre de Commerce se visite depuis peu. Une convention a été signée avec le centre des monuments nationaux/

 L'hôtel Potocki se visite désormais... L'occasion de découvrir l'escalier d'honneur, la salle des tapisseries ou des lustres, le salon littéraire, la chambre de la comtesse et le salon Pompadour.
L'hôtel Potocki se visite désormais... L'occasion de découvrir l'escalier d'honneur, la salle des tapisseries ou des lustres, le salon littéraire, la chambre de la comtesse et le salon Pompadour. LP/Eric Le Mitouard.

    Derrière les grilles, avenue Friedland (VIIIe), le siège de la Chambre de commerce et de l'Industrie (CCI) frappe par ses dimensions et son imposante porte de bronze. On imagine, derrière les hautes fenêtres, de sobres bureaux des employés de la chambre consulaire. Sous les combles, il y en a, en effet. Mais dans les étages nobles, les salons richement décorés racontent le passé de l'ensorcelante Emmanuela Potocka, princesse italienne mariée au richissime comte polonais Potocki.

    LP/Eric Le Mitouard
    LP/Eric Le Mitouard LP/Eric Le Mitouard.

    Le couple a fasciné le Tout-Paris des années 1880. Lui, pour sa passion des chevaux pour lesquels il y a édifié des écuries de marbres roses (aujourd'hui disparues). Elle, pour ses salons littéraires. « Elle a inspiré Proust ou Maupassant par ses réparties mordantes. Elle était la seule femme entourée de toutes ses hautes personnalités. Elle était aussi la prêtresse de soirées brillantes et sulfureuses qui enchantèrent Paris », raconte avec passion Ludmila Golycheva, qui assure la visite ce dimanche, pour le centre des monuments nationaux (CMN).

    LP/Eric Le Mitouard.
    LP/Eric Le Mitouard. LP/Eric Le Mitouard.

    Tout est ici démesuré, a commencé par le monumental escalier d'honneur aux huit variétés de marbres. « Il a été conçu de façon théâtrale avec ses colonnes et sa lanterne géante. Il peut facilement rivaliser avec celui de l'opéra Garnier », lance Ludmila Golycheva, qui raconte la montée des marches des hommes d'affaires et des artistes de renom pour les soirées mémorables. Il fallait ensuite pénétrer dans le sublime salon des Tapisseries, vue sur le jardin. Exceptionnellement, on peut aussi (lors des journées du patrimoine seulement) visiter la chambre de la comtesse, aujourd'hui le bureau du président de la CCI-Ile de France.

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    Peu après la mort du fils Potocki, en 1923, la Chambre de commerce a racheté les lieux et les transformés. A la place des écuries, deux nouvelles ailes ont été édifiées, comme la salle des Lustres. Elle honore dans un style Art déco le théâtre et les arts. La salle des cuivres, au parquet en marqueterie de bois serti de cuivre, est aussi impressionnante. L'ancien salon littéraire de la comtesse est resté en l'état, si ce n'est la grande table de réunions qui trône au centre. On imagine, sous le portrait de la comtesse, les regards rayonnants que lui portaient ses invités dans leurs costumes sombres.

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    /LP/Eric Le Mitouard. LP/Eric Le Mitouard.

    Ici ou là, on découvrira les tapisseries flamandes ayant appartenu au comte. Dans une autre salle, ce sont les vingt-quatre tableaux relatant les ports de France peints entre 1820 et 1835. Il faut prendre le temps d'admirer les moindres détails pour y découvrir l'histoire de nos provinces.

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    /LP/Eric Le Mitouard. LP/Eric Le Mitouard.

    Visites deux dimanches par mois à 10 h 30 au 27, avenue Friedland (VIIIe). Tarif : 17 euros. Réservation sur www.fnacspectacles.com

    « JE FAIS PARTIE DES MURS DE CE PALAIS», S'AMUSE LUDMILA GOLYCHEVA

    /E.L.M.
    /E.L.M. LP/Eric Le Mitouard.

    Avec son accent russe coloré, Ludmila Golycheva, guide officiel au palais Potocki, siège de la Chambre de commerce, invite au voyage. « Je propose aux gens de fermer les yeux et d'imaginer ces salons vivre à la Belle Epoque », lance-t-elle, un brin théâtrale. Ce dimanche, Ludmila Golycheva va assurer, pendant deux heures, la visite de cette sublime demeure. « Je travaille à la Chambre de commerce, depuis 27 ans, à l'accueil et à l'organisation des réceptions. Je fais un peu partie des meubles », s'amuse-t-elle avec un soupçon de fierté. «Dès que je suis arrivée ici, j'ai été frappée par l'importance de cet édifice et son impact sur l'histoire de Paris ». Alors elle se plonge dans l'histoire, la littérature, l'architecture… Elle a immédiatement assuré les visites pour les journées du patrimoine. Et petit à petit, les moindres recoins de ces salons n'ont plus eu de secrets pour elle. « Je vis les choses à tel point que les gens me demandent si je suis de la famille des Potocki… Ce qui n'est pas le cas naturellement », s'amuse cette dame à la gestuelle distinguée jouant avec délectation de cette douce confusion. C'est le résultat d'une passion et du travail. Pendant deux ans, elle a étudié et suivi les cours du soir pour obtenir il y a un peu plus d'un an son titre de guide. En même temps elle publiait avec Claude Leibenson une biographie sur la comtesse Potocka… égérie de la Belle Epoque. A chaque visite, Ludmila Golycheva ajoute de nouvelles anecdotes… comme si elles les avaient vécues. Une belle illusion.